L'escouade
médiatique, avec aux avant-postes le journal La Presse et ses
journalistes Gabrielle Duchaine, Vincent Larouche et Daphné Cameron,
est parvenue à cerner le bouc-émissaire depuis longtemps recherché.
Dans la tempête sécuritaire délirante qui souffle sur Montréal
depuis la paralysie matinale du service de métro, notre groupe est
pointé du doigt par ces médiocres journalistes comme l'épouvantail
de service, le repère de radicaux et de radicales en pleine révolte,
une poule pas de tête qui s'agite dans tous les sens en ayant pour
objectif la perturbation maximale de tout ce que cette société
compte de ponts, de tunnels, de chemins de fer, et quoi d'autre
encore ?
Les
règles du jeu: les nôtres
Nous
ne nous livrerons pas en pâture aux journalistes, qui cherchent
désespérément à nous contacter pour obtenir nos commentaires, car
nous refusons de participer au cirque médiatique. Les informations
que ceux-ci et celles-ci recherchent à notre sujet se trouvent déjà
sur notre site et elles sont accessibles à quiconque daigne
s'intéresser un minimum à notre projet. Nous n'avons rien à dire
de plus que ce qui y est déjà écrit, et l'ensemble de nos textes
déjà parus nous semblent de nature à satisfaire toute curiosité à
notre égard.
Nous
appelons plutôt à la solidarité active sans dissociation ni
condamnation avec toutes les personnes criminalisées par l'État
dans le cadre du mouvement de grève actuel, que ce soit en raison
d'actions de perturbation, de manifestations ou dans les situations
d'injonction. Cette solidarité s’exprime par une responsabilité
collective vis-à-vis du sort de chacune et chacun. Dénoncer la
criminalisation par des manifestations ou des vigiles, s’opposer
aux arrestations ciblées et à la délation, apporter un soutien
légal, financier et moral aux arrêté-es et exiger l’abolition de
leurs chefs d’accusation, surveiller les pratiques de la police,
soigner les blessé-es, se serrer les coudes. Tout ceci constitue les
bases d’une culture de lutte qu’il faut entretenir et développer.
La répression policière et ses conséquences à court, moyen et
long terme est une attaque sans commune mesure avec les actions qui
ont ponctué le mouvement en cours. Nous nageons toutes et tous
dans le même bassin de marde. Nous ne laisserons personne s’y
noyer.
La
mise en scène d’un show de boucane
Nous
réagissons ainsi au traitement médiatique et policier qui prévaut
actuellement. Nous constatons qu'avant même que des accusations
formelles ne soient portées par le Service de Police de la Ville de
Montréal, les personnes soupçonnées d'être à l'origine de
l'action de jeudi matin dans le métro de Montréal ont eu droit à une
inquiétante présomption de culpabilité, relayée sans gêne par
les médias. Leurs adresses personnelles ont été dévoilées, leur vie
privée scrutée à la loupe, les commentaires désobligeants de faux
amis ont été publiés comme une vérité indiscutable. Leurs opinions
politiques ont été ostracisées, en dépit de la présomption
d'innocence qui, dans un pays où les élites politiques et le
consortium médiatique s'empressent à tout bout de champs d'en
vanter les mérites démocratiques, semble ici avoir été
curieusement balayée du revers de la main par les piètres
enquêteur-es et chroniqueur-es bas de gamme.
Le
désir pervers des journalistes et de leurs boss est de diaboliser
des militantes et militants en premier lieu, puis un groupe politique
en second, et par extension l'ensemble des groupes qui se
positionnent à la gauche de la CLASSE et des fédérations
étudiantes. Il s'agit, hors de tout doute, d'une attaque politique
en règle. La dénonciation et la stigmatisation font partie
intégrante du processus de répression, car elles apportent une
caution à celle-ci. En choisissant cette voie, La Presse et ses
suiveux nous démontrent, encore une fois, de quel côté de la
barricade ils se dressent: celui de la matraque, des arrestations,
des gaz, du poivre et des balles de plastique. Les petits chefs de
pupitre appuient l’érosion de nos libertés tel que prévu dans
les projets de lois sur le port du masque et l’obligation de
fournir un trajet pour les manifestations. Est-il étonnant, dans ce
contexte, de constater que Jean Charest lui-même profite des
largesses du propriétaire de ce torchon, en séjournant à plusieurs
reprises dans son somptueux domaine de Sagard ?
Nous
condamnons avec force les méthodes fascisantes qui se multiplient
présentement au Québec lorsqu'il s'agit de traiter des événements
de perturbation sociale. Nous estimons qu'en regard de la brutalité
de l'État contre ceux et celles qui osent contester son autorité,
le mouvement social actuel est davantage docile que perturbateur. Les
minorités agissantes qui commettent des actes pour lesquels elles
s'exposent à des peines criminelles sont sans surprise traînées
dans la boue par les faiseurs ou faiseuses d'opinions à la sauvette,
les laquais de l'industrie médiatique, elle-même au service
d'intérêts autrement supérieurs. Nous revendiquons le droit à la
résistance pour toutes celles et tous ceux qui en ont ras le bol de
cette société étouffée par la désinformation continuelle des
médias de masse, qui ne sont plus capables d'endurer les politiques
antisociales du gouvernement. Pour tout le monde écœuré de se
faire agresser, blesser et insulter par les forces de police - qui
laissent entre la vie et la mort des manifestantes et manifestants
dont on ne daigne même plus, par la suite, s'interroger sur leur
sort - pour toute cette masse de gens qui, partout dans le monde,
luttent contre toutes les violences imposées par la restructuration
capitaliste, pour toutes ces personnes-là, nous revendiquons le
droit à la juste colère, à l'action directe et à la révolte
contre un système politique, économique et social qui abrutit les
consciences et détruit des vies.
À
vouloir criminaliser toutes formes de protestations, à vouloir
terrifier les contestataires pour mieux alimenter les fantasmes de
bûcher d'une « opinion publique » contrôlée, l'État, dans un
élan totalitaire, consolide son austérité à coups de violences
dites légitimes. Il ne recule pas, ne discute pas, ne s'ébranle pas
outre-mesure face aux répercussions de son intransigeance. Il
consacre plutôt toutes les ressources dont il dispose à faire taire
une bonne fois pour toute un mouvement social qui a mainte fois fait
ses preuves. Il espère qu'une fois qu'il en aura fini de
marginaliser, de diviser et de ridiculiser les critiques qui
s'élèvent à l'égard de ses politiques tarifaires - ce en quoi
consiste le projet néolibéral - il aura champ libre pour poursuivre
la purge des services sociaux que l’on voudrait libres du privé, de
qualité et accessibles… Nous ne nous laisserons pas prendre dans
les mailles du filet.
L’unité
dans le déchirement
Nous
nous adressons au mouvement en lutte. Ne nous laissons pas
déconcentrer par la loupe médiatique au service de l'idéologie
dominante. En symbiose avec le pouvoir, les médias délateurs sont
des cibles de choix pour les actions à venir. L'État cherchera
désespérément des responsables et il s'en prendra aux plus
combatifs et combatives d'entre nous : sa répression est politique
et il trouvera tous les prétextes nécessaires pour tenter de mettre
au pas celles et ceux qui, de plus en plus, osent le confronter, que
ce soit dans la rue, dans les assemblées générales, dans les
comités d'action et de mobilisation ou par la simple plume. On tente
de présenter comme plus légitime les tendances qui exigent le moins
possible, qui sont les moins dangereuses pour le maintien d'un semblant de statu
quo afin
de diviser le mouvement et d’isoler les tendances plus radicales de
celles plus réformistes. Ne cédons rien. C'est seulement par la
continuité du mouvement, l’expansion et l'intensification de
celui-ci que nous pourrons aspirer à une société plus juste. The
show must go down. La lutte continue.
*******
Nous
appelons à une vigile de solidarité avec les personnes arrêtées
dans le cadre de ce dossier et avec toute personne judiciarisée ou
blessée dans le cadre de la lutte actuelle. Elle aura lieu le lundi
14 mai à 11h30 devant le Palais de Justice rue Saint-Antoine.
Post-scriptum:
Nous sommes très heureuses et heureux de constater que les journalistes de La Presse se sentent comme des stools en prison après avoir lu notre texte, mais ce n'était pas notre intention de leur faire peur. Les actions auxquelles nous faisions référence étaient du type de celles énumérées dans notre texte: vigile, manif, piquetage.
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The
show must go down
The
mainstream media swat team, with at its frontline newspaper La Presse
and its journalists Gabrielle Duchaine, Vincent Larouche and Daphné
Cameron, have finally succeeded into isolating the scapegoat that for
long they’ve been looking for. Within the storm of securitarian
mayhem that swept over Montreal since the morning-time paralysis of
the Metro service, our groupe became the target of these mediocre
journalists as the usual scarecrows, a den for radicals in all-out
revolt, a headless chicken that’s agitating itself in all
directions with the objective of maximal disruption of everything
that society has in terms of bridges, tunnels, railroads, and what
else?
The
rules of the game: ours
We
won’t deliver ourself as pasture to journalists, who are
desperately looking for ways to contact us to obtain our comments,
because we refuse to take part in the circus of the mainstream media.
The informations on us that they are looking for is already available
on our website et these are accessible to anyone who has the smallest
interest in our project. We have nothing to add to what was already
written, and the whole of the texts already published seem to be
enough to satisfy curiosity towards us.
We
are rather calling for active solidarity without any distinction nor
condemnation with all those individuals criminalized by the State
within the framework of the actual student strike movement, may it be
for actions of disruption, protests or those in the many situations
of injunction (a despotic measure still used
by the courts to force teachers to give classes during the strike,
countered repeatedly by the active blocking of colleges/universities
by protesters). This solidarity expresses
itself by the collective accountability in regards to the fate of
each and every one. Denouncing this criminalization through protests
or vigils, opposing the targeted arrests and snitching, bringing
legal, financial and moral support to the arrestees and pressuring
for the cancellation of their charges, watching the Police practices,
giving first aid relief to the wounded, to hold on to each other. All
this represents the basis of a culture of struggle that we must
maintain and further develop. Police repression and its
short/middle/long term consequences is an attack that has no common
measure with the actions that punctuated the ongoing movement. We are
all bathing in this same shit basin. We will let no one drown into
it.
Staging
a show of smoke (and mirrors)
Nous
are reacting as such to the media and police treatment that now
prevails. We noticed that even before the formal accusations were
brought by the Montreal Police Department (SPVM), the persons
suspected of having carried out the action on Thursday morning in the
Montreal Metro were served with an worrying accusation of guilt,
relayed without any hesitation by the mainstream media. Their
personal addresses were made public, their private lives put under
the microscope, the nasty remarks by their false friends were
publicized like an unquestionable Truth. Their political opinions
were ostracized, albeit the presumption of innocence that, in a
country where the political elite and media consortium are bragging
about it all the time, appeared to have been curiously swept away by
the mediocre investigators and the low-grade columnists.
The
perverted desire of the journalists and their bosses is to demonize
the militants first, then a political group after, and then extending
this to all the groups who are positioning themselves at the left of
the CLASSE and the student federations. It consists, beyond any
doubt, of a political attack by-the-book. The defamation and
stigmatization play an integral part in the repressive process,
because they are proving it with a bail-out. By choosing this way, La
Presse and its sheep are demonstrating, once more, on which side of
the barricades they position themselves: that of the baton, the
arrests, the nerve gases, the pepperspray and the plastic bullets.
Their little desktop leaders support the erosion of our liberties as
projected through the House bill on mask-carrying and the obligation
to provide the Police with a protest route. Is it surprising, in that
context, to notice that Jean Charest himself is benefiting from the
luxury of this toilet news paper’s owner (that ultra-rich globalist
Paul Desmarais), by repeatedly taking vacations in his posh villa of
Sagard?
We
are condemning with strength the fascistic methods that are currently
multiplying in Quebec when it comes to treating these events of
social disruption. We are estimating that in comparison with the
State brutality towards those who dare opposing its authority, the
actual social movement is more submissive than it is disruptive. The
acting minority who are committing acts for which they are facing
criminal charges are unsurprisingly trailed in the mud by the
purveyors of easy-thinking opinions, the lackeys of the big media
industry, herself at the service of higher interests. We are claiming
the right to resist for all for all those who are fed up with a
society muzzled by the continuous disinformation of the maintream
media, who are incapable of enduring the antisocial policies of the
government. For all those who are pissed off of being harassed,
injured or insulted by the police forces - who leave between life and
death protesters that many will stop caring about later - for all this
mass of people who, around the world, are struggling against all the
violence imposed by capitalist restructuring, for all those people,
we are claiming the right to legitimate wrath, to direct action and
to revolt against a political, economic and social system who’s
dumbing down consciousness and destroying lives.
By
seeking to criminalize all forms of protests, by seeking to terrify
the protesters in the hope of feeding-off the fantasies of
witch-burning through a controlled “public opinion”, the State,
in a totalitarian leap, is consolidating its authority with shots of
so-called legitimate violence.
It
doesn’t step back, nor discusses, neither it shakes itself out of
measure in the face of the outcome of its recklessness. It is rather
focussing all its resources at its disposal to shut up once and for
all a social movement that has numerously proven itself. It hopes
that one day it will be done with marginalizing, dividing and
ridiculing the critics that are arising in the face of its tariffing
policies -in which the neoliberal project consists- it will have the
free way to pursue its purge of social services that we’d like to
keep away from the private sector, accessible and of quality... We
will not let ourselves fall in this trap.
Unity
through tearing apart
We
are addressing the struggling movement. Let’s not let our focus be
taken away by the lens of the mainstream media a the service of the
dominant ideology. In symbiosis with power, the snitch media are
targets of choice for upcoming actions. The State will desperately
try to find those responsible and will go after the most combative
among us: its repression is political and it will find all the
necessary pretexts for attempting to force those who confront it into
submission, may it be in the street, in the general assemblies, in
the action and mobilization committees or just in their writing. We
are attempting to present as more legitimate the tendencies that are
the lesser demanding, the lesser dangerous for the maintaining of the
status quo in order to divide the movement and isolate the more
radical tendencies from the more reformist. Let’s cede nothing. It
is only through the continuity of the movement, the expansion and
intensification of it that we can aspire to a fairer kind of society.
The
show must go down. The struggle continues.